Presse
Rencontre avec Yuta Strega
Janvier 2025
Par Anne Devailly
Artistes de Franc Occitanie
Albi, Tarn
L’art, la vie, le monde
Le travail plastique de l’artistes est en lien direct avec sa vie, et sa vie elle-même est souple, en phase avec ce qu’elle ressent du monde.
Yuta Strega peint et sculpte depuis des années, et choisit son medium en fonction de ce qu’elle souhaite exprimer.
Dans sa peinture, à l’huile ou dernièrement à la cire, elle recherche les vibrations, les nuances de la matière picturale. Parfois aussi quelques motifs figuratifs, mais pas nécessairement. L’artiste peut aussi pratiquer l’aquarelle ou les monotypes, toujours dans une approche où la technique guide la réalisation.
Mais elle choisit aussi parfois la sculpture. “J’ai représenté de nombreux visages, cabossés, défigurés. C’est une série que j’ai faite après les attentats de Charlie Hebdo, mais cela va plus loin que le seul contexte français. J’ai enseigné en Palestine et cette série en parle également. C’est une série que je continue aujourd’hui, en bronze, en porcelaine ou en poudre de marbre travaillé avec un liant. Je les conçois comme des pièces archéologiques qui peuvent parler plus tard de notre époque” et l’artiste ajoute : “Je fais aussi des sculptures animalières, mais qui renvoient à un même contexte, car on n’en parle jamais, mais les animaux sont aussi les victimes de tous ces conflits”.
“Dans ses œuvres sculptées, Le Chant, décliné en faïence, bronze doré, bronze vert, retrace le drame de Charlie Hebdo, un drame à la fois individuel et collectif, expliquait l’historienne d’art Muriel Tisserant, dans le dernier catalogue consacré à l’artiste. C’est, un cri à pleins poumons, une alerte à gorge déployée pour les femmes et les hommes de ce monde. Les pieds de porcelaine, indissociables, prêts à bouger, symbolisent, comme leur titre l’indique, ‘Une autre façon de marcher’. L’artiste plasticienne allie la délicatesse de la matière à l’aspect brut du sujet, qu’elle traite en ‘non-finito’ en exagérant les imperfections de la peau, comme si les stries qu’elle utilise jusque dans le support, étaient autant de cicatrices sur ces pieds qui traduisent le vécu, le travail et la poussière des chemins… De plus, le doute participe à la force de l’œuvre : car dans le prolongement de ces pieds aux orteils crispés sur le bloc brut, on observe une corolle s’ouvrant évoquant à la fois le cuir de la chaussure usée mais aussi les lambeaux de chair de l’écorché…”
Sa peinture aussi peut faire référence aux conflits qui ravagent la planète, sans forcément que cela passe par de la figuration. Dans une de ses oeuvres liées à ce qu’elle a pu voir ou vivre au Proche-Orient, Bellum, se devine un paysage dramatique, fait de lignes brisées et de couleurs terre. Pour l’instant figure une jeune femme au premier plan, mais l’artiste a choisi de bientôt enlever le personnage. Le paysage parle au moins autant que cette femme sans doute trop explicite et qui empêche de se concentrer sur la désolation visible dans l’abstraction.
Le travail plastique de l’artiste est donc en lien direct avec sa vie, et sa vie elle-même est souple, en phase avec ce qu’elle ressent du monde.
C’est ainsi qu’après avoir étudié aux Beaux-Arts à Francfort, en Allemagne, Yuta Strega, de nationalité française, choisit de vivre en France. “Je me suis d’abord installée dans le Var, au-dessus de Toulon, mais la couleur politique du Var, pour parler clairement, l’implantation forte du Rassemblement National, rendait les choses de plus en plus compliquées. Je l’ai ressenti quand j’avais une école d’art à Sanary. Avec mon mari, nous avons préféré quitter l’ile de Porquerolles et nous installer en Aveyron, où nous avons vécu jusqu’au Covid, mais cela a représenté un tournant et nous avons ressenti le besoin d’être dans un espace plus urbain. Nous sommes maintenant à Albi, et ravis d’être dans cette ville culturelle d’art et d’histoire”.
L’auteur Pierre-Jean Brassac qui a écrit sur l’artiste estime que chaque toile de l’artiste est “un enchaînement de causes et d’événements et non un chemin qui conduirait à un destin fixe et prédéterminé”, une phrase qui s’applique aussi à la vie de l’artiste, tout simplement. La vie et l’art sont ici une seule et même approche d’un rapport au monde.
L’artiste a donc de nombreuses cordes à son arc et une technique éprouvée depuis ses années aux Beaux-Arts. Malgré tout, elle ne s’arrête jamais de découvrir de nouvelles techniques, d’apprendre, de chercher de nouveaux moyens d’expression.
Depuis qu’elle est à Albi, elle a créé avec le photographe Jean-Pierre Ravel, une association, les Cimaises d’Albi. Ensemble, ils continuent d’exposer d’autres artistes, dans ce lieu comme dans les salons de l’hôtel d’Orléans.
Yuta Strega a toujours souhaité promouvoir d’autres artistes, voire des centaines d’entre eux, nationaux et internationaux. Ensemble, les deux artistes ont pu montrer toutes ces œuvres dans leurs anciens lieux d’exposition en Aveyron comme le Prieuré ou le musée à Villefranche-de-Rouergue, les salles d’expositions à Najac, et à Rodez. Ils ont exposé notamment les travaux de Jean-Marie Fage, un artiste nonagénaire qui vit à l’Isle-sur-la Sorgue (84), le photographe new-yorkais Benjamin Salesse, l’artiste toulousaine Anne Vautour, le verrier Antoine Rault, ou le photographe anglais John Claridge.
Consciente d’être passagère, Yuta Strega continue son enseignement dans une école d’art contemporaine près de Rodez.
La peintre sculptrice et le photographe possèdent un atelier de 140 m², ouvert au public (demande par mail).
FLÂNERIES INSPIRÉES
texte Pierre-Jean Brassac
YUTA STREGA
Dans la peinture à l’huile et les encaustiques de cette artiste, la visible onctuosité évoque les vibrations et les glissements successifs de la matière picturale en train de faire tableau, représentation. D’autres techniques servent sa sensibilité : ce sont des aquarelles, des dessins, des monotypes, quand ce n’est pas la sculpture.
Quand elle peint par exemple cette grande oeuvre carrée qu’elle intitule Fatum Hominis n°XIII, c’est à nous tous qu’elle s’adresse. Ce titre nous rappelle que notre vie sur Terre se déroule comme un enchaînement de causes et d’événements et non sur un chemin qui conduirait à un destin fixe et prédéterminé.
Réjouissons-nous que Yuta Strega explore, elle aussi, le lien étroit unissant la peinture à la musique, comme dans l’art de Vassili Kandinsky qui sort la peinture de sa mutité naturelle. Écoutons quelques mots de sa présentation: « Sous le pinceau de Yuta Strega naissent les concertos inspirés, entre autres, de Bach, Brahms. L’artiste travaille sur la correspondance entre la musique et la peinture, l’une et l’autre caractérisées par la composition de couleurs, d’accords, de pauses et de variations. Avec son pinceau, la baguette du chef d’orchestre, elle dirige le dialogue pictural entre soliste et orchestre, la surface partition où se succèdent mouvement vif, mouvement lent – le lied -, mouvement rapide -le rondo. Tout est dit ou presque. Après avoir « écouté « , l’oeil doit regarder.
Sortie du nouveau catalogue juillet 2023
Yuta Strega
Fatum Hominis
40 pages
12 Euros avec le port d’envoi par la poste
L’artiste et L’outil
Année Soulages
2014
ISBN: 978-2-7466-7542-1
Somogy
Editions d’art 2006
LIVRE PAUVRE – LIVRE RICHE
DANIEL LEUWERS
YUTA STREGA peintures
2006
ISBN 10:2-9527323-0-2
ISBN 13 : 987-2-9527323-0-7
MAR
Actualité, Exposition
YUTA STREGA
2022-03 Yuta STREGA – GALERIE DU FORT – Montauban
Il faudrait pouvoir entrer souvent, pendant les semaines, les mois de création d’un tableau, dans l’atelier de Yuta Strega et la regarder faire. Son acte pictural est physique. Sa peinture est le prolongement charnel de son corps. Respiration, gestuelle sortent de sa poitrine, de son épaule, de son bras. Au début, le châssis tendu de blanc est posé à plat sur le sol. L’artiste trace, macule, enduit. Noircit, blanchit, grise, nuance infiniment. Puis monte souvent sur un escabeau pour contempler de haut l’œuvre en cours de gestation, la voir en perspective, en ausculter la profondeur. Vient le travail horizontal, le regard horizontal. Yuta Strega compare sa démarche à celle d’un équilibriste qui marche sur la pointe des pieds. Sa pratique exige des journées et des journées de travail pour trouver l’équilibre du tableau, celui que le regardeur, se faisant acteur, accroche à un mur, l’en décroche, s’en approche, s’en éloigne, y revient.
Faut-il encore parler après cela de sujets ? Pour la commodité, Yuta Strega titre ses œuvres : concerto, vision, bien sûr, mais aussi jarre, Okham, masque, anges déchus, Tenerezza, Japon, lumen, bol, toucher, l’habillement, etc. Mais en rester aux objets, aux lieux ainsi suggérés serait une erreur, car, on l’aura compris, tout tableau de l’artiste est une construction de pensées attachées à sa mémoire.
Les expositions de Yuta qui se succèdent au fil des ans délivrent toujours des messages forts, en prise directe avec la violence du monde qui nous entoure. Fruits de sa méditation, ses œuvres sont le reflet de son ressenti face aux événements tragiques, un ressenti que les artistes ont le devoir de transmettre avec leur art. Au Pont des arts, en septembre, l’expo s’intitule «Le Chant», en référence à «La Marseillaise» que «la France entière a entonné à l’unisson après les attentats terroristes de l’an dernier». Yuta Strega nous fait entendre un chant silencieux, mais ses tableaux et ses sculptures crient sa douleur, sa révolte… et ses encouragements à «continuer à chanter, à inviter le monde à se lever pour dire Non !» Les yeux de ses personnages sont absents ou imperceptibles, une forme d’anonymat incitatrice à la méditation, à l’intériorisation de l’horreur de ces événements indicibles
La Dépêche du Midi 05/03/2022
Accueil Culture et loisirs Expositions
Montauban.
La galerie du Fort accueille les œuvres de la Tarnaise Yuta Strega jusqu’à fin mars
Publié le 05/03/2022 à 05:14
Très belle exposition tout au long de ce mois de mars (du 3 au 29 mars) à la galerie du Fort à Montauban que préside Marguerite Escande. Yuta Strega est une artiste plasticienne-peintre albigeoise qui a gentiment répondu à l’invitation des organisateurs, très heureux de l’accueillir. « Je suis artiste depuis ma naissance et je crois que je le resterai jusqu’à la fin de ma vie » dit la Tarnaise d’un sourire communicatif. Une artiste accomplie qui dit réaliser quatre tableaux environ tous les ans. Elle expose des peintures à l’huile grands formats, gravures et sculptures en bronze.
Elle expose aussi actuellement aux Cimaises d’Albi chez elle. Yuta Strega s’inspire de l’actualité, de la vie, des gens, comme cette œuvre réalisée après les attentats de Charlie Hebdo, à sa réponse à la guerre en Ukraine ces derniers jours. Les expositions de Yuta qui se succèdent au fil des ans délivrent toujours des messages forts, en prise directe avec la violence du monde qui nous entoure. Cela fait toute la force de l’exposition qu’elle nous propose à la Galerie du Fort en ce mois de mars.